Cet article est issu du site de la section kendo de l'Espoir Sportif du Beffroi, à Tours, avec leur aimable autorisation
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Pour pouvoir prétendre aux grades « Dan », il est important d’avoir acquis les points suivants :
Lorsque l’assistant juge ordonne le début du geiko, ces trois éléments doivent absolument être en place : Shisei, Kamae, Kiai.
Kiri Kaeshi
Cet exercice est demandé quasiment systématiquement pour les passages du premier au cinquième Dan.
Kirikaeshi est un résumé des connaissance basiques à avoir en Kendo. Les juges, en observant le kirikaeshi des candidats voient si les bases sont acquises : Shisei, Kamae, Kiai, Uchi (frappes faites avec Ki-Ken-Tai).
Nota : sur le kirikaeshi, voir notre article
Gi-Geiko
Deux combats avec deux partenaires différents sont demandés afin de démontrer la capacité d’attaque, l’esprit, la capacité à garder la bonne posture et montrer la qualité et l’engagement dans la pratique du Kendo. Pour le 1er Dan, il est nécessaire de réaliser deux ou trois frappes valables. Certains pratiquants cherchent à se protéger sans attaquer ; c’est le meilleur moyen d’échouer à l’examen.
Il est essentiel que les frappes soient accomplies avec le Ki-Ken-Tai no Ichi.
En Kendo, Shomen Uchi est la base de la base. La frappe de Men est réalisée dans sa forme grand Men avec un seme marqué. Cependant, Nidan Waza doit être démontré, au moins dans sa forme la plus simple : Kote-Men. Un simple Koté ou Do ne suffit pas à emporter l’adhésion des juges.
Maai : Distance
Maai est un point important lors du passage du 1er Dan. Ne pas frapper avec réserve, dans un esprit de défense, mais fermement, depuis Chudan no Kamae (garde moyenne), en un pas (distance Issoku-ito no Maai) et avec un un Kiai puissant.
La première frappe est importante, donc il convient de ne pas la gâcher en se précipitant ou en réagissant avec retard.
Shomen-Uchi est fondamental. Men-Uchi est une action de confrontation. La frappe est réalisée en fonction de l’action du partenaire. Pour résumer, il faut toujours suivre le principe
suivant : réaliser Shomen-Uchi depuis la bonne distance (Maai) et au bon moment, avec un esprit fort, depuis un Kamae « positif » (pointe menaçante, allant vers l’avant). Le
Ki-Ken-Tai doit être réalisé de façon puissante (frappe du shinai, frappe du pied, cri et déplacement réalisés en un seul temps).
Le candidat doit se retourner rapidement après un déplacement d’au moins trois grands pas et démontrer, par un fort Zanshin (vigilance), qu’il est prêt pour l’action suivante.
L’attitude et la posture sont rigoureusement définis pour le Kendo. Les candidats doivent les démontrer parfaitement.
Enfin, pour le passage de 1er Dan, les frappes sont exécutées depuis la distance Issoku-Ito no Maai.
Donc, en résumé, ce qui est demandé pour l’obtention du premier Dan :
En plus des points précédents, le candidats doit pouvoir réaliser à la suite plusieurs techniques (Waza). Par exemple ; Harai-Men, Taiatari Hiki-Kote, etc…
Le kendo possède des techniques de base et d’autres dites avancées, parmi lesquelles figurent :
Les techniques citées ci-dessus sont faites à partir de frappes classiques et demandent un entraînement assidu et répété pour acquérir l’habilité nécessaire.
Vigueur et force
L’esprit doit être concentré et tendu vers l’autre, le Kiai vient du ventre et reflète l’état d’esprit du pratiquant. Ces points s’acquièrent avec l’entraînement mais demandent plus de profondeur et de force que pour le 1er Dan.
Opportunité d’attaque
Le Kendo est un combat, une confrontation de 2 esprits cherchant l’opportunité de frapper et gagner. Il y a trois grandes opportunités pour porter son attaque :
Saisir ces opportunités et porter une frappe valable n’est pas facile et demande un entraînement rigoureux ainsi qu’une bonne compréhension du Kendo.
Kiri Kaeshi
Le kirikaeshi du prétendant au 2ème Dan doit être ample, rapide, fort et néanmoins souple.
En résumé, pour le 2ème Dan :
Ces points de pratiques demandent un entraînement très régulier et rigoureux afin de produire les Waza ci-dessus en toutes circonstances et de façon naturelle. Les différences entre Shodan et Nidan sont les mêmes qu’entre Nidan et Sandan, seule la profondeur de l’étude du Kendo est à un niveau plus élevé.
Le troisième Dan est considéré comme étant un mur sur la voie du Kendo. A cette étape, l’importance du travail se déplace vers la profondeur de l’action de confrontation, qui s’appuie sur les bases précédentes. Ainsi, il est nécessaire d’avoir une grande compréhension des principes du Kendo, ce qui n’était pas demandé pour les grades précédents.
Opportunité d’attaque
Par rapport aux 3 opportunités définies pour Nidan, il faut ajouter les suivantes :
Ainsi les chances d’attaquer et de gagner augmentent, aussi, il ne faut pas les manquer. Il faut attaquer ! Pour cela :
« PRATIQUER BEAUCOUP POUR ACQUÉRIR LA CAPACITÉ D’ANTICIPER »
Les techniques en Shikake Waza doivent être plus variées : Harai, Katsugi, Hiki, Nidan-Sandan, Debana, Katate.
En Oji Waza : Suriage, Uchiotoshi, Kaeshi, Nuki.
Ces techniques, que ce soit en Shikake ou Oji waza, deviennent plus variées et compliquées à réaliser. Encore une fois, cela demande une pratique plus assidue et plus en profondeur.
Quoiqu’il en soit, se souvenir de l’un des préceptes de le voie du sabre :
« Il y a deux manières de progresser. Certaines personnes y arrivent avec la théorie, d’autres personnes y arrivent avec la pratique. Les deux voies sont bonnes. Ceux qui y arrivent par la théorie s’améliorent rapidement, les gens y arrivant par la pratique s’améliorent plus lentement !! »
La théorie et la pratique sont indissociables. Si on étudie les deux ensembles jours et nuits, sans paresse ni épargne, dix années de poursuite de la voie se transformeront en cinq années et le stade d’expert sera atteint.
A cette étape, les instructions données ici sont réellement fondamentales, et il est important de les appliquer quotidiennement dans la pratique du kendo.
La frappe résultant d’une attaque
La frappe résultant d’une attaque n’est pas un simple échange de coup mais une attaque contre l’adversaire suivie d’une frappe :
IL FAUT GAGNER POUR FRAPPER ET NON LE CONTRAIRE
Ce sont des attaques du shinai et de l’esprit. En attaquant l’adversaire, on le force à se découvrir et c’est ainsi qu’on peut le frapper. On ne gagne pas en frappant mais on parvient à frapper parce que l’on a gagné.
La frappe est raisonnée. Il ne doit pas y avoir de déchet et elle doit avoir lieu pour une bonne raison : l’adversaire s’est découvert.
« Par le sabre vous oppressez votre adversaire ; par le mouvement du sabre vous obligez votre adversaire à se découvrir. Une attaque de l’esprit se fait grâce à la concentration de à la richesse du mental : l’esprit émerge. »
La capacité d’augmenter le volume de sa voix (Kiai) fait partie de la richesse de l’esprit. Un mental sans peur met une grosse pression sur l’adversaire, l’amenant à découvrir les faiblesse de son mental.
L’attaque de l’esprit est une notion très importante au Kendo.
Maai
A mesure que l’on progresse, la façon dont on gère la distance par rapport au partenaire devient importante. Il y a trois distances possibles : Issoku Itto No Maai, Toi Maai (distance de 2 pas ou plus, les shinai ne se croisent pas), Chikai Maai (distance très proche). Pour chacune de ces distances, chaque pratiquant a ses variantes qu’il acquiert en fonction de sa pratique et de ses possibilités.
La frappe
Pour le troisième Dan, la frappe en tant que telle doit se transformer en Ippon. Pour cela, il doit y avoir une frappe Datosubu-Datotsubui (bonne partie du shinai sur la bonne partie de l’adversaire) réalisée avec grande vigueur et la bonne posture. Durant les Geiko de passage de grade, entre 3 et 5 frappes effectives doivent être délivrées.
La posture, l’attitude
La posture doit être proche de la perfection : position des pieds, dos droit et ligne du regard. L’attitude doit être noble, montrant du respect et une certaine courtoisie envers l’adversaire.
L’esprit
Le candidat doit montrer de la force, de la rigueur et de la dignité.
Zanshin
Le Zanshin a toujours été une notion importante. En compétition, une frappe, même valable et puissante n’est pas accordée si elle n’est pas suivie d’un Zanshin marqué. Il est donc important qu’après une action le pratiquant prépare son physique et son mental à l’action suivante. L’esprit doit continuer d’être en mouvement après la frappe.
En résumé, pour le 3ème Dan :
A ce stade, un entraînement journalier est nécessaire.
Style, Dignité et Fierté
Ces 3 points sont fondamentaux, car difficilement perçus chez les 3ème Dan. Ils sont typiques du 4ème Dan.
Dignités et fierté sont des notions difficiles à expliquer avec des mots…
Posture, attitude
Ces notions sont commune à tous les grades mais à ce stade, elles doivent être parfaite en considérée comme une et indivisible.
Courtoisie, tenue vestimentaire et tenue du shinai sont inclues dans ces notions.
A ce stade de la voie, le candidat doit démontrer des capacités à être instructeur et par conséquent doit avoir un comportement irréprochable sans lequel l’accès au 4ème Dan est impossible.
Frappe raisonnée
Jusqu’au 3ème Dan, l’opportunité pour frapper, le Maai et les mouvements du corps sont mentionnés par nécessité et de façon individuelle.
Pour obtenir un haut grade (à partir du 4ème Dan) il est demandé de réaliser des frappes raisonnées, c’est à dire portée à bon escient. Il est essentiel de porter sa frappe lorsqu’il y a une
réelle opportunité.
L’utilisation du bon Maai associé à un déplacement des pieds et du corps naturel sont absolument nécessaires. Chaque attaque doit avoir une raison. C’est le Kendo sans déchet.
Les trois lois doivent être mises en pratique : San-Satsu-Ho.
Ken o Korosu :Tuer le sabre de l’adversaire en contrôlant le Kamae de l’adversaire et en le rendant ineffectif.
Ki o Korosu : Tuer l’esprit de l’adversaire en le dominant mentalement, en le faisant douter et hésiter.
Waza o Korosu : Tuer la technique (tant mentale que physique) de l’adversaire. Un fort Kamae, une attitude calme avec un fort Kigurai permette de surmonter les tentatives de déstabilisation de l’adversaire.
Attaque avec un Kensaki efficace
L’action du Kensaki (pointe du sabre) est très importante. Elle doit concentrer toute la force mentale du pratiquant. Elle doit être comme la queue de la bergeronnette, en constante vibration, forçant l’adversaire à se découvrir et permettre ainsi la frappe. L’action du Kensaki permet de prendre le pas sur l’adversaire et gagner par une action non perçue par l’adversaire.
Capacité à être instructeur
Au 4ème Dan, le candidat est considéré comme instructeur. Il importe pour cela d’avoir acquis les fondamentaux nécessaires pour les 1er, 2ème et 3ème Dan, d’être capable de réaliser les techniques avancées (Suriagi-Waza, Kaeshi-Waza, Uchiotoshi-Waza, Nuki-Waza). Ainsi, alors que la théorie et le style du Kendo, le candidat peut enseigner le kendo aux débutant avec la bonne attitude. L’étude des Kata doit être approfondie.
Force de l’attaque et capacité de réagir aux variations de techniques
Plus le niveau du pratiquant s’élève dans les grades supérieurs, plus important est son attitude qui doit rester imperturbable. Quand l’adversaire attaque, il ne faut pas être surpris et pouvoir réagir sans être contrarié par son action.
Zanshin
Le Zanshin se doit d’être présent non seulement après une attaque mais aussi dans toutes les phases de l’action, dans chaque mouvement effectué.
Frappe intelligente et habileté
La frappe intelligente et l’habileté sont le baromètre de la voie du Kendo et montrent l’accumulation des années de pratique.Ces deux aspects forment la véritable frontière entre 3ème et 4ème Dan.
En résumé, pour le 4ème Dan :
Le chemin pour aller du 4e au 5e Dan peut se résumer par plus de pratique et d’entraînements. On peut considérer le 5e Dan comme une synthèse finale.
Les senseï interrogés ont majoritairement indiqué que les critères demandés pour le 5e Dan sont les même que ceux du 4e Dan. Il n’y pas vraiment de nouvelles notions mais seulement un changement dans l’ordre d’importance. Par exemple, pour le 5e Dan, la dignité et la fierté deviennent importantes.
Ordre d’importance des qualités à démontrer
Un 5e Dan a acquis la synthèse de chaque grade précédent durant l’accumulation d’une longue pratique.
Il n’y a pas de Kendo spécial passage de grade. Il est donc indispensable d’accumuler les exigences pour le 5e Dan au travers d’une pratique journalière.
Shodan : Présentation, Posture, Attitude, tenue Shinai, Position du Shinai, Travail des pieds, Distance, Coupes de base, Kiai, Courtoisie
Nidan : Shikake Waza, Oji-Waza, Vigueur, Force, Kiai, opportunité de frappe, Maai plus élaboré.
Sandan : opportunité de frappe, Attaquer puis frapper, Utilisation du Maai, Frappe efficace, Posture Attitude, Esprit, Préparation de l’action suivante (Zanshin)
Yondan : Style, Dignité, Fierté, Posture, Attitude, Frappe raisonnée, Attaque avec un Kensaki efficace, Capacité à être Instructeur, Force de l’attaque et capacité à réagir aux différentes technique (Waza), Zanshin, Frappe intelligente
Godan : Frappe raisonnée, Dignité, Fierté, Capacité à être Instructeur, Posture, Attitude Zanshin, Kensaki actif
(Jeff Humm ; traduction et adaptation : Yves Aubriot)
dernière mise à jour le 08/11/2019